Le réveil sonne comme un jour de semaine. Coup d'oeil par la fenêtre, une mare inonde la cour. Je maudit le dieu Gébré, son fils Kilian, et mettrait bien tous les saints Jacques au composte. Douche quand même, sinon j'émergerai pas. Quelques céréales, une banane, je file en direction du sud Grenoblois pour rejoindre les
3D. C'est quoi déjà? Ah oui, j'ai le premier:
"Défi". La course à pied un dimanche matin sous la drache, c'est un défi. Et déjà une certitude de longue date, en soirée ou en nocturne sans problème, mais je ne suis certainement pas un traileur du matin.
Programme du jour, l'avant première d'une séance qu'ils comptent organiser avec
Endurance Shop. Un parcours sélectif découpé en 8 spéciales, afin de déterminer nos points forts, nos points faibles, et vice versa. Sur route c'est relativement simple, un test VMA permet d'identifier facilement son potentiel. En trail, la diversité des terrains fait que c'est plus compliqué.
Bien sûr on à tous un certain nombre de courses au compteur et une certaine idée de la chose, mais les impressions sont parfois trompeuses et rien de tel qu'un chrono pour confirmer -ou pas- le ressenti. Échauffement en douceur, une p'tite bosse pour se préparer, la ruisselante excite la tendance de certains participants à marquer leur territoire. Premier des nombreux arrêts pipis de la journée. Si vous voulez le parcours, suivez la trace...
Section 1: Parcours cross. Mise en jambe par du roulant à l'approche de nos vitesses VMA. Le chemin bien détrempé me fait penser à un parcours de cross. Départ sans réelles sensations, comme en course j'ai toujours du mal à me mettre dedans. Après 2'30 je double Caro partie 30s avant moi, et résiste au retour de Thierry parti 30s derrière.
Remy a ouvert la trace et nous attend pour signaler la fin de la section.
Dam ferme la marche. Le terrain est donc bien gras et il faut trajecter un peu pour éviter de trop patiner. Plus de 20s de perdu sur les chronos de Dam et Remy, je sais que je n'ai pas retrouvé toute ma vitesse mais trouve le verdict un peu sévère. Je m'attends au pire sur la suite qui m'est à priori moins favorable.
Section 2: Montée Trail. Après une liaison en footing de récup, on attaque en bas d'une montée bien franche. Le genre qui passe en force à l'entrainement, mais que je marcherai sans hésiter en course. Avec une vitesse moindre j'ai vite Caro en ligne de mire, ça me motive bien. En petite foulée je m'en sors pas mal et arrive à remonter, une partie plus raide au milieu m'oblige à marcher un peu mais j'arrive à relancer dans le final. Assez content de moi sur le coup, je pense avoir limité la casse.
Section 3: Descente Trail: Les descentes, c'est pour moi. Encore faut t'il le vérifier. Un bon pourcentage en single dans les bois, rendu bien glissant par la pluie. Départ dynamique sur la partie haute, la suite est franchement patinoire et je m'amuse. J'ai pourtant pas l'impression de prendre de risque particulier, ça chasse à chaque pas mais la vitesse est quand même limitée et une glissade dans ces conditions ne fait pas de mal. J'ai d'ailleurs l'occasion de le vérifier avant d'arriver en bas. Sur 3' je reprends un paquet de secondes sur Remy et Dam déjà pas mauvais dans l'exercice. Mon poids plume est évidement un gros avantage sur ce terrain gras et aux multiples dévers, je me fais moins emporter par la pente. Par temps sec l'écart serait peut être moindre.
Section 4: Montée de barge: Le truc que je redoute le plus, la montée où il est impossible de courir, et même marcher est pour moi un enfer. Ya pas, j'ai beau essayer tout type de technique, ça veut pas. Je garde Caro en vue au départ, mais sur la deuxième moitié encore plus raide et où l'on s'aide des mains, je suis scotché. Les mollets sont durs comme du bois, je ne m'économise pourtant pas mais je peux vraiment pas faire mieux. Je termine bon dernier de cette section, et de loin. Ah tiens, j'ai retrouvé le deuxième:
"Dévinelé". Bon je ne suis pas un traileur de montagne, c'est pas une surprise.
Section 5: Descente de barge: La même, mais cette fois en descente. La pluie a rendu les rochers de la partie haute ultra traitres, et sur la première section il est impossible de tenter quoi que ce soit, prudence de rigueur. Mon gant s'accroche à un buisson, je perds 3s à le récupérer, m’énerve, et le manque d'attention se paye illico sur le rocher suivant: cul défoncé. Ok. J'en termine avec la section rocheuse et peux me lâcher sur la deuxième partie bien rigolote, mais qui met rapidement les cuissots en feu. Ça passe sur la distance relativement courte, mais je manquerai vite de guiboles pour continuer à ce rythme plus longtemps. A l'inverse de moi, Thierry qui n'a pas l’âme d'un descendeur (ça se travaille, faudrait qu'on te briefe), est cette fois à l'agonie.
Section 6: Montée roulante: Une montée relativement douce, max 12%, mais on court depuis plus de 2h et ça commence à se sentir. C'est de la montée ou je me sens généralement pas trop mal, j'en bave et fait exploser le cardio, mais tout passe en courant avec une foulée courte qui me correspond bien. C'est typiquement le type de section où je n'ai par contre aucune certitude, et où le chrono pourrait bien me démontrer l'inverse de ce que je crois.
Section 7: Descente roulante: Pas la même, mais le même genre. Là je m'attends par contre à être moins à l'aise. Il faut de l'allonge et de la vitesse sur ce type de descente, il n'y aucune particularité technique, mais la pente n'est pas suffisante pour se laisser emporter et il faut envoyer du gros, la foulée tape fort.
Section 8: Plat roulant: Une nouvelle portion roulante pour déterminer notre facteur d'endurance et la gestion de l'effort. Après plus de 2H30 de crapahutage dont une bonne partie au taquet, la fatigue est présente, les jambes ont un peu morflés, le terrain colle aux basques. Fallait pas oublier le troisième D -
"Distance". . Je rattrape Caro assez rapidement, son manque de foncier se paye chèrement sur ce type d'effort. Je pioche moi même sévèrement à partir de la moitié, mais trouve le fight spirit pour tenir jusqu'au bout, plutôt satisfait.
Bilan: C'est pas encore cette année que je gagnerai le Grand Duc, je le savais avant de venir. Plus précisément, nous n'étions que 5 pour cette reco, et si certaines tendances sont évidentes, les données récoltées sont trop limitées pour faire une analyse définitive de nos particularités. Par exemple mon temps est bien inférieur aux autres sur la première descente. Cela rend la perf de Dam et Remy plutôt moyenne, alors que je pense qu'ils sont eux même supérieurs aux autres sur ce type d'exercice. De même avec 4 types accro à la VMA, les perfs de la pauvre Caro dans les parties roulantes ne sont pas forcément à sa juste mesure.
Même si Remy ne se base évidement pas sur les chronos bruts pour établir une hiérarchie, avec un nombre de participants plus important et des profils plus disparates, l'analyse sera d'autant plus pertinente. Je compte d'ailleurs bien revenir lors de la journée officielle pour confirmer tout ça. Pour ceux que ça intéresse, suivez évidement le blog de
3D Trail et celui d'
Endurance Shop Grenoble, cela sera annoncé.