mercredi 12 novembre 2008

Flying to the Moon

L'inde a lancé la semaine dernière une fusée en direction de la lune. L'objectif de la mission est de mettre un satellite en orbite lunaire et d'explorer sa surface à l'aide de robots automatisés.


Actuellement la fusée, ou du moins le module qui en reste après la séparation de tous les étages propulseurs, s'est positionnée en orbite lunaire à environ 100km d'altitude. Ce module devrait rester en orbite pendant 2 ans afin de réaliser une cartographie complète (et 3D) de lune. Prochainement le robot d'exploration devrait également "alunir" pour parcourir l'écorce lunaire à la recherche de divers matériaux et minéraux.

Si le centre de lancement est situé à quelques kilomètres au nord de Chinnai (ex Madras), l'ensemble du contrôle au sol est situé à Bangalore.

On peut se poser des questions sur l'utilité d'une telle mission par rapport aux coûts engendrés, mais d'un point de vue scientifique c'est pour l'instant une totale réussite. Accessoirement je suis un peu estomaqué qu'ils soient capable d'exploiter autant de technologie alors que je n'arrive pas leur faire fonctionner 3 vannes correctement, mais bon, ça c'est parce c'est parce qu'ils me mènent la vie dure ces derniers jours et que j'ai envie d'être taquin.

Je pense également à une longue et enflammée discussion de 4 ingénieurs français au milieu d'un restaurant, remettant en cause la réalité historique d'Armstrong sur la lune en 69, il y a presque 40ans! Les indiens présents devaient bien se demander de quoi on parlait, et si la mission d'aujourd'hui pouvait prendre quelques clichés des traces des missions précédentes ca clôturerait au moins de débat!

Partir

Partir pour un pays inconnu, que l'on sait éloigné de notre culture, c'est toujours un peu flippant. Avant de venir ici j'ai eu quelques jours pour me renseigner, fureter internet, mais je ne savais pas trop à quoi m'attendre, juste quelques quelques images clichés vues dans des blogs, des reportages ou au cinéma.

Sur place ce fut la surprise, il est apparu rapidement que je m'étais fabriqué pas mal d'idées préconçues, d'à priori voire de préjugés. Et puis il y a tout ce que je n'avais même pas imaginé, le quotidien, les lumières, les sons, les odeurs. La vie quoi. Aujourd'hui c'est devenu la routine.

Le trafic ne me surprend plus, un pare-chocs de bus klaxonnant à 30cm de ma fenêtre ne me fait même plus sursauter et c'est tout juste si je sors le nez du canard pour jeter un œil amusé sur le chauffeur qui me surplombe. Je me suis amusé cette semaine à écouter un nouveau client de l'hôtel me narrer sa venue de l'aéroport, aussi halluciné que je l'étais il y a trois mois.

Les épices me dérangent moins. J'avale quotidiennement des plats qui m'incendiaient les lèvres, la bouche et le palais quand je suis arrivé ici, cette impression particulière que tout est en feu, que tu es en train d'avaler des plats trop chauds.

Une température de 22°C le matin est devenu le minimum acceptable, la poussière et les odeurs variées m'agressent moins les narines. Le chamboulement nocturne, les bruits du matin à l'hôtel m'énervent un peu moins, la réactivité hasardeuse des serveurs m'énerve un peu plus. :)

Bref, j'avais commencé ce billet avec comme idée de vous raconter une anecdote de mon dernier retour ici. Dans l'avion je me suis retrouvé pris à partie dans la discussion de 2 hôtesses. Une d'entre elle venait pour la première fois en Inde et était invitée à un mariage indien le lendemain, autour de Bangalore genre à trois ou quatre heures de route.

Ne connaissant pas l'Inde elle est bouffée par les préjugés dont je parle au début, mais d'un niveau bien pire, chose étonnante pour une personne dont le job est de parcourir la planète et qui a probablement séjourné dans de nombreux pays. A se demander s'ils sortent des hôtels 5** quand ils sont en escale. Bref, après quelques questions bateau, on a abordé ce qui la préoccupait vraiment: la sécurité et la santé.

Malgré une voiture particulière qui devait venir la chercher à l'hôtel avec d'autres personnes (on ne parle pas de prendre un autorickshaw en solo), elle se demandait si elle serait en sécurité pour le voyage, comme le chauffeur allait la braquer dans une ruelle. Et question maladie, elle avait peur de choper la lèpre, rien que ça!

J'ai passé quelques minutes à lui expliquer ce que j'avais vu de l'Inde, ai assez lourdement insisté sur l'unique expérience de participer à un mariage indien. Mais n'étant pas certain de l'avoir totalement rassuré je ne sais pas si elle a osé y aller le lendemain, d'autant que sa collègue allait plutôt dans le sens inverse!

Enfin rapidement cassons le dos à ses deux préjugés:
- Sécurité: on m'avait mis en garde en arrivant ici sur le fait de me balader la nuit tout seul, au point que les premiers jours j'étais même un peu sur le qui-vive en journée. Cette sensation est passée très vite, je ne me suis toujours senti en sécurité ici. Je n'ai jamais perçu d'animosité, de regards envieux, de sensation qu'on pourrait en vouloir à ma "fortune". Tout au plus des regards curieux, auxquels on s'habitue rapidement. Je garde quelques précautions d'usage (photocopie de passeport sur moi, 2ème carte bancaire à l'hôtel), mais c'est une habitude de déplacement pro, je fais de même quand je suis à Nemours ou Monaco. D'ailleurs je ne pense pas que l'Inde, contrairement aux pays d'Amérique du sud, soit réputée pour être particulièrement victime de banditisme envers les étrangers.

J'ai peu parlé ici des bombes qui ont explosé sur le territoire avant ou après que je sois arrivé, des incidents religieux entre hindous et catholiques, des problèmes civils dans les zones frontalières. C'est avant tous des histoires internes entre indiens (territoires, religions) et qui n'ont pas pour cible ni les touristes ou résidents étrangers, ça ne se ressent pas au quotidien. D'ailleurs il suffit de penser aux bombes du RER en 95, aux émeutes de Seine St Denis en 2005 pour se rendre compte que ça ne suffit pas à classer un pays comme "dangereux".

- Santé: Outre les maladies que j'ai évoquée dans ce post,qui sont à mon avis beaucoup plus à craindre car facilement attrapées par simple piqure de moustique, il est vrai que l'Inde fait partie des pays les plus touchés par la lèpre. Mais sa présence au sein de la population est quand même relativement faible, et la maladie n'est que peu contagieuse, elle nécessite un contact régulier type familial pour être attrapée.

Bon ben c'était plus long que ce que j'avais prévu :)

mardi 11 novembre 2008

Hot Hot Hot

Pour compléter un peu la rubrique financière, voici quelques achats realisés ces derniers jours...

L'ensemble est composé de Coriandre, divers Chili, Curcuma (donne la couleur jaune du curry), Massala, Cumin, Poivre, Curry, Rai et Sarson (graines de moutarde?), diverses graines que je connais pas... Le tout pour moins de 10€.

Étonnamment ce n'est pas le curry qu'on trouve le plus facilement, mais la triplette Coriandre/Chili/Turmeric (Curcuma). Le Curry n'est effectivement pas une épice naturelle. Aussi appelé Massala c'est un mélange complexe d'une bonne vingtaines d'épices différentes.

J'imagine donc que chaque famille indienne doit avoir sa propre recette, comme on trouve autant de recettes de crêpes que de familles Bretonnes. Ce sont quand même de longues préparation, sans doute compliquées et qui ne doivent plus être réalisées régulièrement par les femmes "actives". Mais si on trouve des assortiments tous faits suivant l'utilisation souhaitée (poulet, poisson), les ingrédiens de base sont quand même tous disponibles facilement.

Allez demain je vais en chercher d'autre, dont notamment le "poivre du Kerala" dont on m'a dit énormément de bien et que je n'ai pas encore trouvé.

dimanche 9 novembre 2008

Pour 5 roupies t'as plus rien

Lors de mon passage à Nantes j'ai gracieusement fait cadeau de quelques rouppies à la famille Paulette. :)

Le plus petit billet étant celui de 5 roupies, soit moins que 10 centimes d'euro, on s'est demandé ce qu'on pouvait bien s'offrir pour ce prix là en Inde (il existe aussi des pièces de 1, 2, et 5 roupies).

Je n'ai pas encore beaucoup cherché, mais j'ai au moins une réponse: le journal. Le "Times Of India" que l'ont accroche à la porte de ma chambre chaque matin coûte exactement 3 roupies, 5 avec le supplément "économique". Journal imagé et tout en couleur, parution tous les jours, couvrant le territoire local, l'Inde, l'international, environ 25 pages quotidiennement, un peu plus le samedi & dimanche. Chaque jour on y trouve un supplément "Bangalore Times" qui couvre également l'incontournable vie Bollywoodienne, et suivant les jours d'autres suppléments (Education, Immobilier, Automobile, etc...).

Pour rappel quelques prix de journaux français: Libé (1,20€), Le Canard(1,20€), Le monde (1,50€).

American Dream

Je n'ai que peu suivi tout le tapage autour des élections américaines, ici présent comme partout ailleurs. Le rapport des indiens avec l'avenir de l'Amérique (du monde?) semblait surtout focalisé sur le récent "N-Deal" dont j'avais parlé dans le post Atomique. Et du peu que j'ai vu, tous les débats avaient peu ou prou comme sujet "lequel des candidats sera le plus intéressant pour l'Inde". Pragmatique quoi.

Ce matin dans le journal j'suis tombé là-dessus: Bon c'est une pub pour la TV "Times Now", mais la question est intéressante.

"Est qu'un seul homme peut changer notre façon de voir un pays?"
D'un je trouve qu'elle symbolise bien le "changement" que le monde entier attendait par rapport à l'administration Bush, esperant sans pouvoir rien y faire que cette fois les américains auront fait le "bon" choix, pour eux comme pour l'intérêt mondial.

De deux si les relations entre l'Inde est les américains sont au beau fixe du point de vue diplomatique, j'ai eu comme impression que l'Amérique et son peuple ne font absolument pas rêver les indiens. Sans qu'ils puissent m'expliquer exactement pourquoi j'ai l'impression qu'ils ne les "aiment" pas, ne veulent pas en entendre parler même pour y passer des vacances. Du coup je me demande s'il n'y aurait pas un deuxième sens à la phrase.

mercredi 5 novembre 2008

Jet-4

Mon dernier retour à Bangalore m'a permis d'expérimenter le premier "Jet-Lag" de ma courte vie, françaisement appelé "syndrome du décalage horaire".

Jusqu'à maintenant j'avais digéré les 3h30 sans aucun problème, les horaires de voyage directs étant assez bien conçus dans un sens comme dans l'autre pour que ça se passe bien.

Mais la semaine dernière j'ai quand même eu droit à un changement d'heure été/hiver (-1h), retour en Inde (+4h30), ainsi que le retard d'avion qui m'a fait me coucher à 5h heure locale au lieu d'1h. Tout cumulé ya un truc qui est mal passé et je me suis retrouvé tout décalé, à ne pouvoir fermer l'œil avant 4-5h chaque nuit, autant dire pas la grande forme.

Mercredi une grasse matinée à étonnamment remis les choses en ordre (j'avais peur que ça n'aggrave les choses), c'était ça ou faire une nuit blanche pour perturber le cycle infernal! :)

mardi 4 novembre 2008

UnFormation

Lorsque Jonathan (du site Djoh en Inde) a clôturé temporairement son blog, j'ai découvert certain de ses anciens messages. Ayant étudié en Inde, il a une vision de l'enseignement local qui expliquerai pas mal de choses sur les problèmes que nous rencontrons avec les développeurs.

Pour mieux comprendre, il faut lire ses quelques posts dont le sujet est l'école: Epilogue

Ayant passé quelques années sur les bancs des écoles (hum hum), je vais donner mon point de vue sur l'éducation, plus particulièrement des matières dites "scientifiques". Évidement c'est très personnel et tout le monde ne sera pas forcément d'accord. Jusqu'en seconde, à peu de chose prêt on nous demande de reproduire à l'examen l'exercice travaillé en cours, il n'y a que les valeurs de calculs qui changent.

A partir de la première, je dirai que ça doit dépendre des filières. En E (comme en S je suppose), mes cours avaient une autre forme. On te donne des outils, avec des exercices d'application assez poussés pour bien en comprendre l'utilisation. Lors de l'examen, les mêmes outils à utiliser, mais dans un contexte qui n'a rien à voir, un peu comme un travail de recherche, allant parfois jusqu'à la démonstration des théorèmes utilisés dans le cours suivant. Compliqué mais intéressant, le but n'étant pas de savoir si t'es capable de reproduire l'exercice vu en classe, mais d'en faire un usage adéquate. On va pas s'attarder sur les raisons de mon échec en E, mais j'ai retrouvé en F3 la manière d'apprendre précédente, du coup beaucoup plus aisée.

En ingé, dans l'ensemble le contenu de ce qu'on cherchait à nous apprendre importait peu (informatique, intelligence artificielle, imagerie, robotique, réseaux, etc…), tout le monde étant bien conscient qu'on utiliserait à peine 10% des matières vues sur les 3 ans. L'important était, via l'acquisition de quelques bases dans chaque domaine, de savoir les utiliser quand un problème se pose.

Ce qu'explique Jonathan dans l'école indienne, c'est que des matières aussi "pratiques" que la programmation informatique sont apprises "par cœur", comme on apprendrait une poésie. Lors des TP il suffirait de recopier un programme affiché au tableau. Savoir qu'une fonction existe, ca peut être utile, ca s'acquière avec l'expérience. Savoir par cœur les paramètres d'utilisation d'une fonction, ca ne sert à rien, il suffit de chercher dans l'aide quand on en a besoin. La plupart du temps quand un nouveau problème se pose, la première chose à faire est justement d'aller chercher s'il n'existerait pas déjà une fonction qui le fait, et si ce n'est pas le cas de réfléchir à comment le faire avec les fonctions qu'on connait/trouve.

Bon faut avouer que j'ai quand même eu droit à un exam d'SQL sur papier, bêtise monumentale, d'ailleurs la seule matière qui a failli me couter mon diplôme (note éliminatoire) et me priva d'une mention. Bref… :)

Tout ça pour dire que depuis que je suis ici je me bas avec les indiens pour qu'ils réfléchissent, ce que je trouve inadmissible pour un niveau "ingénieur". C'est assez déroutant pour nous parce qu'on a jamais rencontré ça dans nos différents parcours professionnels, quelque soit le niveau ou l'expérience de nos collègues.

C'est à un point difficilement imaginable, une remise en question totale de nos méthodes de travail, on ne peut leur faire confiance sur rien, absolument rien. On leur montre quelque chose, ils reproduisent, simplement et bêtement, sans être capable de l'adapter si ca change d'un iota par rapport à l'exemple. Ils ne cherchent pas à comprendre pourquoi, ne cherchent jamais si la même règle pourrait s'appliquer dans un autre cas, ne savent pas ou ne prennent pas la peine de lire un document pour y trouver l'information nécessaire.

Est-ce la formation qui est mauvaise, on ne les a pas habitué à chercher? Est-ce la motivation qui manque (conditions salariales? management?) N'ayant pas de contre-exemple, je me limite à penser qu'on est vraiment tombé sur le "mauvais" numéro, la mauvaise boite, je ne voudrais surtout pas généraliser à l'Inde toute entière. D'ailleurs il y a quand même de rares éléments qui font exception à la règle...

Mais quelle qu'en soit la raison, à force c'est usant.

Et d'un certain côté rassurant pour notre avenir professionnel, on est quand même loin de se faire bouffer tout notre job par ce type de prestation. :)

dimanche 2 novembre 2008

FlashBack

J'ai parlé plusieurs fois du café et du thé qu'on sert en Inde, et plus dernièrement sur un commentaire d'une photo de mon ami Paulo: Tasse de Thé.

Comme je le dis donc, les Indiens boivent toujours leurs thé ou café "avec du lait", à l'anglaise donc, et qui plus est sucré. Personnellement adepte du café noir sans sucre, j'aime peu, voire pas du tout.

Depuis peu nous avons un collègue Indien qui bosse avec nous. J'entends par là qu'il bosse pour la boite Française, mais est originaire et vie en Inde, une autre manière de faire de l'offshore qui a tendance à pas mal se développer (en gros il fait le même boulot que nous mais pour beaucoup moins cher et n'a pas forcément les mêmes conditions de déplacement).

Vendredi il m'invite à prendre un thé dans la zone commerciale sous notre bureau, je le suis. Dans la "cantine" indienne qu'il choisit, impossible d'avoir un café noir, le thé ou café est préparé dans de grandes marmites, déjà tout prêt. Je prend donc la même chose que lui, pour tester.

Et là, surprise, je me prend un flash-back de 20 ans en arrière. Je reconnait immédiatement ce gout, assez sucré. Ce n'est pas du thé dans lequel on a rajouté du lait, non, c'est le thé directement infusé dans le lait, et ça n'a rien à voir! Pendant des années j'ai pris ça au petit-déjeuner, et c'est bien meilleur que l'autre brevage briton qu'on nous sert habituellement.