dimanche 3 juin 2012

Ronde des Couleurs - Combiné de Printemps Part#2

  Fin de journée samedi après le Facteur, je sens que musculairement je ne suis pas si mal, pas de douleurs bizarres, pas de gêne particulière. Si comme je le pense mes coups de moins bien de la course sont principalement dû à une alimentation un peu trop light, mon objectif de faire un gros week end de cumul avec la Ronde des Couleurs à Morestel doit pouvoir se faire. Au programme, quand même du beaucoup plus light que la veille. 26km certes, mais seulement 400 D+. Pas de quoi se flinguer les guiboles dans des cotes interminables, mais plutôt me faire un bon footing régulier et faire un état de forme après 60km en deux jours.

  Quelques orages dans la nuit mais le temps semble vouloir se tenir sur le nord Isère, il fait frais juste ce qu'il faut, sous les 20°C. A la remise du lot (une bonne bière Ursuline), Stéphane me confirme que ce n'est pas beaucoup tombé dans le coin et que les chemins ne sont pas détrempés. Chaussures route et confort donc. Ya une bonne délégation d'Autruches villemoiriennes comme dans toutes les courses du coin, mais personne pour venir jouer sur le grand parcours avec moi. Faudra que je me trouve d'autres lièvres.

   Échauffement limité à la remontée du parking, faut pas pousser non plus. Départ tranquille donc, je me retrouve avec Magali sur le premier kil, un peu de mal à me décrasser. Premier kil ok, sur le plat je commence à prendre ma foulée. Mais les premiers faux-plat me mettent la misère, je lutte pour ne pas marcher, ça promet. Les sprinter du 5km partent à droite, on file vers la première difficulté, deux petits raidards à enchainer. Quitte à me mettre minable, je tente et passe tout en courant histoire de mettre la machine en marche. Le cardio grimpe un peu, les cuisses encaissent, ça va le faire.

@PhotoMorestel
   Petit à petit je prend mon rythme, ça va pas si mal. Je remonte jusqu'à moins de 20m d'Anthony sans faire vraiment l'effort de faire la jonction, j'ai encore un peu de mal à dérouler dans les descentes et il reprend un peu  le large juste avant la séparation des 13/26km, au 7ème. J'ai oublié ma montre, un coup d'oeil au téléphone que j'ai dans la sacoche banane m'annonce 38' et une moyenne de 11.7km/h. Pas si mal, si je tient ce rythme jusqu'à l'arrivée ça me fera une bonne séance "allure course" pour le Morbihan dans 3 semaines.

@PhotoMorestel
   Une fois libéré des "petits coureurs" on peut se jauger entre vrais traileurs :). Ya déjà des espaces et les premiers sont hors de vue depuis longtemps. Un gars me remonte et j'en profite pour lui demander s'il connait les emplacements des ravitos. J'ai pas encore bien saisi la leçon d'hier et outre l'oubli de la montre, j'ai aussi oublié de refaire le plein de pot-belge. Faudra se contenter des deux barres d'amande qui trainent quand même par chance dans ma sacoche. Au 10ème environ on débarque sur un point d'eau seul, le vrai ravito est pour plus loin. On repart à quelques coureurs mais je commence à vraiment me sentir bien.

   Le total déclic se fait au 12ème lors d'un superbe passage dans un parcours Botanique. Une succession de petits pontons sur une sorte de marais meuble, ça zig zag, une p'tite descente rigolote, il m'en faut pas plus pour que je joue avec le terrain et me libère totalement. Me voilà lancé et ça va de mieux en mieux. J'attaque maintenant les cotes comme il faut, ce qui me donne droit à une petite amorce dans le mollet droit pour me faire comprendre qu'ok je suis facile, mais qu'il faudrait pas faire trop le mariole en oubliant ce que j'ai subit la veille. Soit. Je me contente donc de dérouler sur le plat et reste sage dans les parties plus difficiles. Et ça déroule quand même bien, un nouveau coup d'oeil au GPS du téléphone m'annonce plus de 13km/h.

   Arrivée au ravito au 15ème km, je fais une bonne pause en me gavant de tout ce que je trouve à mon gout. 1h18 quand j'en repars, reste 11km plutôt roulant, ça doit pouvoir se faire en moins d'1h si je coince pas. Je reprends donc mon rythme en étant particulièrement surpris de me sentir aussi bien. Ça dureras jusqu'à l'arrivée. Au 20ème un dernier point d'eau suivi d'un joli coup de cul, la seule côte que je serai obligé de marcher. Je me rassure vite en me disant que du aussi raide dans le coin ça ne peut pas être long,  et je l'attaque donc d'un bon pas. Devant ça fait longtemps que je ne vois plus personne même sur les chemins dégagés, derrière j'ai également fait le trou et je sais que je serai seul jusqu'à l'arrivée.

   Mais j'suis comme sur un nuage, les chemins sont plaisants, je déroule et déroule encore. J'ose même pas vraiment forcer mais je suis d'une étonnante facilité, presque inquiétante. Plus besoin de pot belge, je dois être en pleine overdose d'endorphine. Les derniers faux-plat sont avalés comme qui rigole et je file peinard jusqu'à l'arrivée. Ça doit se voir que je suis trop facile, un signaleur m'interpelle  "hey mais t'as pas vraiment couru toi, faut finir avec le gout du sang dans la bouche". Quelques bouts droits, un tour de stade, nous y voilà. Je coupe la ligne en 2h15, pas mécontent. On m'a annoncé 15ème vers l'arrivée, à confirmer avec les résultats officiels. Surtout, particulièrement satisfait des sensations. Je clôture donc de belle manière mes 100km dans la semaine, 70km de vélo, plus de 3000m de dénivelé cumulé.


  De quoi se donner un bon moral pour la suite, c'est quand même l'objectif principal de ces combinés. :)

samedi 2 juin 2012

Trail du Facteur - Combiné de Printemps Part#1

  J'étais pourtant parmi ceux qui jugeaient les récidivistes comme des doux-dingues, et voilà qu'au fil de mes préparations je m'en suis presque fait une spécialité.

  Le combiné d'automne avait consisté à enchainer le semi de Venissieux le matin, améliorant au passage mon modeste chrono sur la distance, avec le cross de St Egreve quelques heures plus tard. Légèrement en dedans mais avec quand même une bonne allure seuil, j'avais fait un cross conforme à mes attentes ne piochant réellement qu'en toute fin de course.

  Le combiné nordique c'était les 21Km du Trail TTN de Montagnay, suivi des départementaux de Cross à Aix les Bains. Un enchainement rendu difficile par des températures de Février proche des -10°C toute la journée, et une neige particulièrement handicapante sur l'hippodrome d'Aix. Moins en forme et ne pouvant réellement gérer ma deuxième course avec cette neige et les appuis fuyant, j'en avais un peu bavé, surtout musculairement.

Photo @ACP
  On en arrive au combiné de Printemps, avec ma participation ce samedi au Trail du Facteur. Un joli format sur le papier, 30km, et un dénivelé variant de 1500 à 2000D+ suivant les sources, une paille. Le profil présente une grosse difficulté de 600D+ d'une traite mais qui arrive tôt sur le parcours, la suite semblant plus "roulante" et avec une grosse descente comme je les aime dans le final. Sans prétention puisque ce n'est pas l'objet du week-end, je pressens que si j'arrive à bien gérer la montée du départ, je dois pouvoir faire une bonne course sur la suite. 

Photo @ACP
  Co-voiturage avec quelques amis de l'ALV, dans la voiture la plupart viennent se frotter pour la première fois à ce genre de format et ça n'en mène pas large. Je n'ai pas ces doutes, et comme je ne suis pas venu faire la course "a fond", je suis même assez serein. Après tout, quinze jours plus tôt j'ai bien accompagné Caro sur le Trail des Hameaux au format presque identique, 33km et 1450D+, presque une promenade. Sur place je retrouve l'ami Philippe toujours affuté et en présence de tout son Team. Vu ce qu'il va me mettre dans la montée raide et comme il tient les séances de seuil avec moi en ce moment, j'ai peu de chances de le revoir sur le parcours, mais ça fera un bon fil rouge pour identifier mon niveau de forme.

Photo @Lorenzo Team
  Léger cafouillage au départ, les différents sites d'inscription n'ayant pas donné le même horaire, et c'est finalement à 8h30 que tout le monde s'élance, solo et duo. Je n'ai fait qu'un échauffement minimum avec Marilyne, et profite des premiers kils pour prendre le rythme. On serpente un peu en sous-bois pour rejoindre le début de la montée vers le pas de Fer, qu'on atteint avec déjà 200m de dénivelé dans les pattes, juste ce qu'il faut pour être bien chaud. La voilà donc cette montée raide. C'est pas que je sois au top mais j'arriverai presque à gérer, définitivement l'exercice pour lequel je suis le moins à l'aise. Je perd quelques places mais tient plutôt bien mon rang. Quelques marches le long du Funiculaire, la suite étant un peu moins raide j'arrive à bien relancer. Thomas est au sommet et m'annonce Philippe à 5mn, j'ai limité la casse. Je boucle cette montée en 34mn soit un peu plus de 1000m/h, confirmant que je ne suis pas si mal (pour moi).

  Petit single dans les bois surplombant la falaise, on effectue une petite boucle jusqu'à l'ancien moulin de Porte-Traine. Le chemin est rigolo et je me prend au jeu, me voilà à relancer dans les pifs-pafs et attaquer comme il faut la petite descente technique, je reprend des places. Du moulin on remonte sur St Hilaire et j'avise au loin Philippe qui a désormais pile 3mn d'avance, j'ai du faire une bonne section et reprendre un peu. Ravito du funiculaire, je tente de faire le plein d'eau, m'approche d'un jerrican visiblement destiné à ça. Un concurrent devant moi quitte d'ailleurs le poste en s’énervant et je comprend pourquoi, le robinet coule d'un maigre filet et il va me falloir plus d'1mn pour remplir mon bidon. Raté de l'orga? Bon j'abandonne vite le remplissage 'propre' et passe au plan B, dévisse le gros bouchon principal et fait le plein en 2s en essayant de ne pas trop m'inonder les godasses. A la guerre comme à la guerre.

  On passe à côté de la piste d'envol du Touvet, et je rentre à nouveau dans la foret bien motivé. Motivation de courte durée. Un bon coup de cul de 150m calme mes ardeurs, je me retrouve scotché. On est au 12ème, 1h30 d'effort, je me dis sans trop réfléchir que je paye les efforts de la semaine. Avec les bonnes sensations à l'issue de la grosse montée, j'avais un peu en tête de faire la course "comme si c'était un 20 bornes", la suite étant une grosse descente que je sais pouvoir gérer même partiellement cuit. Je passe donc au plan B, gérer comme je peux jusqu'au 20ème, et la suite...bref vous avez compris.

Photo @Lorenzo Team
  Une dizaine de bornes à gérer donc. Heureusement le parcours est majoritairement en single et plaisant. Je suis à la ramasse à la moindre montée, mais je me fais quand même bien plaisir. Ayant bien baissé de rythme je m'attend à me faire reprendre par de nombreux concurrents, ce qui n'est bizarrement pas le cas. On est 2 ou 3 à se doubler/dédoubler en fonction des montées descentes, mais c'est assez stabilisé. Nouveaux encouragements du Philippe's Team qui me l'annonce à un peu plus de 4mn. Je suis surpris, j'étais persuadé d'avoir perdu bien plus que ça.

  Lors d'une énième montée que je fais en marchant, j'analyse (enfin) la situation. Ok j'ai les jambes fatiguées mais pas tant pire, ça n'explique pas tout. Et si ça venait d'ailleurs? Venu en touriste, j'ai un peu négligé l'alimentation du p'tit dej, et depuis le départ n'ai pas avalé grand chose. Nigaut ! J'ai pourtant une bonne devise "bouffe un max et ça repart", qu'il serait temps d'appliquer. J'avale deux gels en 15mn et m'attaque à la longue montée vers le col de Baure. 2h46 au sommet, km22, à moi de jouer.

  Le début de la combe de  Manival  est un succession d'épingles en single mais sans réelle technicité. Ça déroule un max et si je me trouve de bonnes jambes, je sais que ce n'est pas sur ce cette partie que je vais vraiment faire la différence. Je double quand même quelques solos et duos, puis suite à une modification de parcours de dernière minute (des abeilles nous a t'on dit?) on bascule à droite du torrent. En bord du torrent c'est beaucoup plus minéral, ça me va bien et je continue ma descente folle, reprenant 2 autres concurrents. J'ai les mollets qui agonisent un peu mais ça tient. Plus bas, je repère facilement mon ami Philippe. Yes! J'avais laché l'objectif de le rejoindre, sans que ça n'en ai jamais vraiment été un en fait, mais suis super content de pouvoir faire le final avec lui. Il m'annonce aussi quelques crampes aux mollets qui expliquent sans doute que je sois aussi bien revenu sur lui. On approche de la fin de descente, il me propose de partir mais dans ma tête la course est finie, je n'ai plus qu'à dérouler avec Phil et rejoindre tranquillou l'arrivée.

Photo @Lorenzo Team
  Je le suis donc gentiment, et au 29ème, 3h22, lui annonce qu'à ma montre on doit être dans le dernier kil. On est pile dans ma prévision des 3H30, nickel. "Heuu non je crois que le speaker a annoncé 33km en fait". Ouch, le coup de massue, en plus du coup de chaleur de la vallée qu'on commence vraiment à ressentir. Ça va pas le faire. J'ai les cuisses rincées, les mollets explosés et dur comme du bois, et comme si c'était fait exprès, on attaque justement une dernière bonne difficulté de *seulement* 120m mais que j'avais un peu occulté, ou plus exactement que je pensais bêtement avoir passé dans les petites relances précédentes. Je laisse partir Philippe sans regret, je suis à l'arrêt. J'arrive à peine à relancer dans la descente, pour me retrouver à nouveau scotché dans le long faux plat suivant. J'en viendrais presque à regretter que le final n'ai pas été effectué par la route, un comble :)

  Et je réalise à nouveau que là c'est plus les muscles qui coincent, c'est clairement la tête. Et je re-percute. Depuis quand t'as pas mangé, mmmh?? Bon ok t'as plus rien sur toi, mais le dernier gel c'était ya plus d'une heure, t'es à court de carburant garçon, faut pas chercher plus loin. Dans ce final "raté", je perds 3 places anecdotiques et des grosses minutes qui le sont toutes autant. Philippe semble avoir coincé aussi, à moins qu'il m'ait attendu, puisque dans les derniers hectomètres je le retrouve avec une grosse cinquantaine de mètre d'avance. J'ai pas le courage d'accélérer pour faire une arrivée commune, me contentant de finir en roue libre.

  L'objectif du jour de toute manière atteint. Après une semaine bien chargée, une bonne grosse sortie de 34km/1835 D+ en 3h53 et avec un bon niveau d'intensité. Quelques leçons aussi, toujours bon à prendre pour la suite.
  • Avec des formats proches sur le papier, les Hameaux (33/1450) et le Facteur (34/1835) sont deux courses fortement différentes. Ça se ressent au chrono (3H45 plutôt cool, 3h53 bien cramoisi), et sur l'état à l'arrivée. Je ne me l'explique encore pas totalement. Un peu plus de dénivelé? Un profil avec des pentes moins régulières et des relances permanentes? La chaleur dans le final?

  • Etre léger sur l'alimentation ça passe sur 2h, ensuite ça a ses limites à moins de vraiment jouer le touriste et de quand même bien profiter des ravitos (ce qui avait été le cas aux Hameaux).

  Reste que si j'ai maudit le final par manque d'énergie, et qu'il semble que beaucoup de monde y ai peiné, il faut remercier l'organisation pour un très joli parcours, bien varié avec une majorité de single. Le balisage est dans l'ensemble léger mais jamais manquant, il nécessite une bonne attention et une fois la donnée intégrée, ça fait aussi partie du jeux. Je pense qu'avec les conditions de chaleur du jour, un dernier petit point d'eau en bas de la descente n'aurait pas été du luxe, mais nous étions prévenus.

  La suite de la journée fut un bel après-midi détente en famille avec une remontée au Touvet, mais par le funiculaire cette fois. Les enfants étaient ravis, mes mollets aussi. Philippe me demande "alors tu cumules demain?". Sur l'instant, j'ai pas encore de réponse définitive:)