Partir pour un pays inconnu, que l'on sait éloigné de notre culture, c'est toujours un peu flippant. Avant de venir ici j'ai eu quelques jours pour me renseigner, fureter internet, mais je ne savais pas trop à quoi m'attendre, juste quelques quelques images clichés vues dans des blogs, des reportages ou au cinéma.
Sur place ce fut la surprise, il est apparu rapidement que je m'étais fabriqué pas mal d'idées préconçues, d'à priori voire de préjugés. Et puis il y a tout ce que je n'avais même pas imaginé, le quotidien, les lumières, les sons, les odeurs. La vie quoi. Aujourd'hui c'est devenu la routine.
Le trafic ne me surprend plus, un pare-chocs de bus klaxonnant à 30cm de ma fenêtre ne me fait même plus sursauter et c'est tout juste si je sors le nez du canard pour jeter un œil amusé sur le chauffeur qui me surplombe. Je me suis amusé cette semaine à écouter un nouveau client de l'hôtel me narrer sa venue de l'aéroport, aussi halluciné que je l'étais il y a trois mois.
Les épices me dérangent moins. J'avale quotidiennement des plats qui m'incendiaient les lèvres, la bouche et le palais quand je suis arrivé ici, cette impression particulière que tout est en feu, que tu es en train d'avaler des plats trop chauds.
Une température de 22°C le matin est devenu le minimum acceptable, la poussière et les odeurs variées m'agressent moins les narines. Le chamboulement nocturne, les bruits du matin à l'hôtel m'énervent un peu moins, la réactivité hasardeuse des serveurs m'énerve un peu plus. :)
Bref, j'avais commencé ce billet avec comme idée de vous raconter une anecdote de mon dernier retour ici. Dans l'avion je me suis retrouvé pris à partie dans la discussion de 2 hôtesses. Une d'entre elle venait pour la première fois en Inde et était invitée à un mariage indien le lendemain, autour de Bangalore genre à trois ou quatre heures de route.
Ne connaissant pas l'Inde elle est bouffée par les préjugés dont je parle au début, mais d'un niveau bien pire, chose étonnante pour une personne dont le job est de parcourir la planète et qui a probablement séjourné dans de nombreux pays. A se demander s'ils sortent des hôtels 5** quand ils sont en escale. Bref, après quelques questions bateau, on a abordé ce qui la préoccupait vraiment: la sécurité et la santé.
Malgré une voiture particulière qui devait venir la chercher à l'hôtel avec d'autres personnes (on ne parle pas de prendre un autorickshaw en solo), elle se demandait si elle serait en sécurité pour le voyage, comme le chauffeur allait la braquer dans une ruelle. Et question maladie, elle avait peur de choper la lèpre, rien que ça!
J'ai passé quelques minutes à lui expliquer ce que j'avais vu de l'Inde, ai assez lourdement insisté sur l'unique expérience de participer à un mariage indien. Mais n'étant pas certain de l'avoir totalement rassuré je ne sais pas si elle a osé y aller le lendemain, d'autant que sa collègue allait plutôt dans le sens inverse!
Enfin rapidement cassons le dos à ses deux préjugés:
- Sécurité: on m'avait mis en garde en arrivant ici sur le fait de me balader la nuit tout seul, au point que les premiers jours j'étais même un peu sur le qui-vive en journée. Cette sensation est passée très vite, je ne me suis toujours senti en sécurité ici. Je n'ai jamais perçu d'animosité, de regards envieux, de sensation qu'on pourrait en vouloir à ma "fortune". Tout au plus des regards curieux, auxquels on s'habitue rapidement. Je garde quelques précautions d'usage (photocopie de passeport sur moi, 2ème carte bancaire à l'hôtel), mais c'est une habitude de déplacement pro, je fais de même quand je suis à Nemours ou Monaco. D'ailleurs je ne pense pas que l'Inde, contrairement aux pays d'Amérique du sud, soit réputée pour être particulièrement victime de banditisme envers les étrangers.
J'ai peu parlé ici des bombes qui ont explosé sur le territoire avant ou après que je sois arrivé, des incidents religieux entre hindous et catholiques, des problèmes civils dans les zones frontalières. C'est avant tous des histoires internes entre indiens (territoires, religions) et qui n'ont pas pour cible ni les touristes ou résidents étrangers, ça ne se ressent pas au quotidien. D'ailleurs il suffit de penser aux bombes du RER en 95, aux émeutes de Seine St Denis en 2005 pour se rendre compte que ça ne suffit pas à classer un pays comme "dangereux".
- Santé: Outre les maladies que j'ai évoquée dans
ce post,qui sont à mon avis beaucoup plus à craindre car facilement attrapées par simple piqure de moustique, il est vrai que l'Inde fait partie des pays les plus touchés par la
lèpre. Mais sa présence au sein de la population est quand même relativement faible, et la maladie n'est que peu contagieuse, elle nécessite un contact régulier type familial pour être attrapée.
Bon ben c'était plus long que ce que j'avais prévu :)