Eh oui, j'ai profité de l'immunité que mon vieillissement me procurait la semaine dernière, pour abandonner femme et enfant et aller gambader dans la campagne Iséroise. J'avais noté cette course depuis un moment, sans savoir vraiment si j'allais la faire. Et puis ce samedi il fait idéalement beau, gros soleil, quinze degrés ni trop chaud ni trop froid. Et puis mes derniers entrainements montrent une grosse progression et un bon état de forme, j'suis curieux de voir ce que ca pourrait donner sur une course. Et puis d'toute façon mon plan annonce une sortie longue, alors plutôt que de courir vraiment seul autour de Chirens, autant aller s'amuser à plusieurs...
Et puis bref, des excuses c'est pas ce qui manque, et me voilà partie aux Cotes d'Arey pour découvrir le nouveau parcours de "La Course du Suzon", 16km et environ 440m de dénivelé, donc un parcours qui devrait être relativement roulant et correspondre assez bien avec mes capacités actuelles.
Inscription, petit papotage avec mon ami le photographe officiel, et je suis déjà à la bourre pour l'échauffement. Les jambes tirent un peu comme toujours en ce moment, surtout que mon inscription n'étant pas certaine j'ai fait une séance "normale" jeudi. Footing léger, une petite côte, et après seulement dix sept minutes je retourne à la ligne de départ. Il aurait fallu faire un peu plus, une bonne trentaine de minutes avec quelques accélérations vu le profil du parcours, mais pas le temps, je me sens quand même pas trop mal.
Sur la ligne surprise, le club de Villemoirieu a fait le déplacement en force, ils sont une bonne quinzaine inscrits sur les deux parcours, et puis ya aussi le Hérisson qui est sur ses terres d'origine. Ah ben voilà, j'suis pas tout seul. Ça me permet de discuter un peu et d'éviter de trop me prendre la tête avec ma stratégie de course. Partir vite, et tenter quelque chose? Faire une simple séance de seuil? Partir lentement en accélérant ensuite? Par vite, mais vite comment? Je me rend compte que je manque d'expérience sur petite course, et de repères par rapport à mon niveau actuel.
Finalement la présence de toutes ces connaissances me fait choisir l'option qui me tentait mais que je n'osais prendre, partir vite sans en faire trop et voir ce que ça donne. Je sais qu'il faudra soulager dans les montées parce que je manque de dénivelé, mais que les séances de piste de cet hiver devraient me permettre de compenser sur plat et descente. Et en cas de perte de jus sur la durée, j'essayerai de m'accrocher au wagon d'un pote.
Allez, 3-2-1 partez, tout le monde en même temps, les 8km dans un sens, les 16km à l'opposé, astucieux. Au premier virage je suis dans les 15 premiers. Wopopop, j'suis tranquille mais ça fait limite peur, j'ai jamais vu la tête d'une course d'aussi près. Et après seulement 200m on attaque la plus longue côte de la course, 100m D+ d'une traite, d'où l'intérêt d'un échauffement adéquate.
Profil de la course
Je prend doucement mon rythme, sans forcer, les jambes répondent bien et si quelques concurrents me passent, je m'attendais à ce qu'il y en ait plus, je me formalise pas. Dans la descente qui suit je relance immédiatement et recolle à un petit groupe de 6, on avale la suivante, assez courte.La deuxième belle montée je l'attaque plus au train et tente de resté collé au groupe. Je me rappelle avoir dis à Hérisson: "après la première c'est des p'tites côtes de 50m, ça devait aller". Ouaih c'est toujours facile sur le roadbook, mais une fois dedans, les 50m on les sent quand même bien passer. On est dans les bois, le terrain est légèrement gadouilleux, faut choisir un peu ses trajectoires mais je n'ai pas trop de problème d'adhérence.
Je refais le coup du yoyo avant la troisième grimpette, mais ça commence à devenir dur et respectant mon plan, je n'ose forcer au risque de me mettre dans le rouge. Le groupe s'effiloche un peu avant d'atteindre le plateau. J'arrive en haut avec une sensation de soif, ça fait presque 25mn qu'on fait les montagnes russes, j'aurai pas été contre un petit ravitaillement liquide à cet endroit là. Une longue et interminable ligne droite doit nous amener au ravito, ce que n'avais pas noté sur le plan c'est qu'elle est en bon faux plat, ajouté à un p'tit vent de face, d'abord sur route puis sur un beau chemin forestier.
J'attaque à une bonne allure semi pour recoller la tête du groupe, accompagné par un vétéran qui a sans doute la même stratégie "élastique" que moi en plus prononcé: agonie en montée et seuil sur le plat. Ce que je ne sais pas à ce moment là, c'est que mon collègue est à priori triple vainqueur du marathon du Beaujolais il y a 10 ans, et avait encore dans les jambes un 1'17 sur semi ya 4 ans, un autre niveau quoi...
Le premier kil passe bien, et puis p'tit à petit, le monsieur s'en va, comme si le faux plat n'avait pas d'effet sur lui. Moi je commence à coincer, on approche la mi-course et j'ai les jambes qui fatiguent un peu, le seuil est plus dur à tenir, l'allure baisse, je m'accroche avec les deux derniers concurrents du groupe jusqu'au ravitaillement.
Deux p'tits verres d'eau, 30s, c'est rien mais ça me requinque. On passe le 8ème kil en 37mn, pas si mal, la suite étant plus facile je vise d'arriver avant 1h15 et d'essayer de ne plus perdre de place. On descend jusqu'au à un arbre rigolo ou nous attend le photographe, pose de rigueur:
Dixième kil, je suis toujours avec un des compères, le second -un espoir- s'accroche tout près, même si je sens qu'il coince dès que ça devient roulant. 46mn, soit 4'30/km depuis le 8ème, le rythme est bon vu les terrains rencontrés. Ayant la sensation d'avoir un peu faiblit quand même, je m'attends à ce que l'on nous recolle et alors que j'ai pris quelques foulées d'avance sur notre trio, je cherche du regard nos poursuivants. La tête ailleurs et malgré un balisage parfait, et je manque de rater une bifurcation, rattrapé de justesse par mon collègue. Merci à lui.
On entame l'avant dernière difficulté, un morceau de choix impressionnant vu d'en bas même si je sais qu'elle n'est pas très longue. N'ayant personne aux trousses et un peu loin des prédécesseurs, même si on les garde à portée d'zieux, je m'autorise à marcher à bon rythme, immédiatement imité par les 2 autres. On en profite également pour échanger quelques blabla de lieux commun, mais qui même s'ils sont rabâchés à chaque course nous rassurent:
"Si c'est dur pour nous, c'est dur pour tout le monde."
"De toute façon on avance aussi vite qu'en courant".
"Ce qu'on perd là, on le rattrapera en haut".
La descente qui s'en suit est très très fun, un p'tit slalom dré dans la pente au milieu des bois, on dévale ça quatre à quatre, marrant. Et c'est déjà la dernière grimpette, ou presque. Celle là on l'a descendue à l'aller, mais entre temps ya 150 coureurs qui ont martelés la boue, c'est un peu plus glissant.
Comme d'habitude, les signaleurs tentent de nous déstabiliser, faudrait pas les écouter, mais difficile de se boucher les oreilles . "Reste 2km500, c'est que de la descente". Puis moins de 300m plus loin un autre "1km500, c'est fini". Et là je vois qu'on attaque un raidillon, certes ridicule par rapport aux côtes précédentes, mais qui fait bien mal par où il passe.
Mon collègue qui à déjà quelques mètres d'avance, en profite pour s'échapper. Je sais qu'il a en vu le p'tit gars en orange qu'on suit depuis longtemps, c'est un pote de son club et il voudrait le taxer, il doit être en train de tout donner. Moi je n'ai plus cette motivation, j'ai un peu d'avance sur le p'tit jeune qui était avec nous, et plus la gnac pour m'arracher, même s'il me reste du jus.
A l'approche de l'arrivée les spectateurs se font plus présents, y compris les coureurs qui en ont finis avec le 8km. Des potes m'encouragent, presque étonnés de me voir déjà arriver. Je le suis aussi un peu, j'ai tenu le rythme, je pense être dans les trente, objectif espéré au départ, donc content. Un p'tit tour de stade en roue libre avec quand même un œil sur le chrono, je croise la ligne en 1h14, deuxième objectif atteint.
J'attends quelques potes sur la ligne, Hérisson termine au sprint, puis je file me changer et retrouve tout le monde dans le gymnase. Le ravitaillement est complet et bien garni, ça fait oublier le manque d'eau au 5ème km. On discute avec les bénévoles de l'état du terrain, du parcours sympa et varié, du terrain légèrement boueux par endroit mais dans l'ensemble très praticable, des éventuelles remarques et améliorations possibles, de la difficulté de la course. C'est marrant comme une course qui s'est bien passé parait toujours facile, je dose mes commentaires par respect pour les suivants, dont certains en ont certainement bavé...
Les premiers résultats tombent avec une bonne surprise en ce qui concerne mon classement. Une très bonne course, pas trop mal négociée, qui m'a permis de faire le point sur mon niveau actuel, et qui est très encourageante pour la suite. Reste à digérer les courbatures :)
Chiffres:
- 1er: Eric Mercier (Spode) - 1h02'37, 16km
- 2ème: Alexandre Majewski (Mach 3 Tri): 1h05'05
- 3ème: Didier Veyet (CSBJ): 1h07'17
- Moi: 1h14'05, Class 19/156, .
- 1ère: Marie-Christine Cret-Martinez (Mach 3 Tri): 1h20'37, Class 41/156
- Milieu: 1h28'50, Class 78/156