mardi 4 novembre 2008

UnFormation

Lorsque Jonathan (du site Djoh en Inde) a clôturé temporairement son blog, j'ai découvert certain de ses anciens messages. Ayant étudié en Inde, il a une vision de l'enseignement local qui expliquerai pas mal de choses sur les problèmes que nous rencontrons avec les développeurs.

Pour mieux comprendre, il faut lire ses quelques posts dont le sujet est l'école: Epilogue

Ayant passé quelques années sur les bancs des écoles (hum hum), je vais donner mon point de vue sur l'éducation, plus particulièrement des matières dites "scientifiques". Évidement c'est très personnel et tout le monde ne sera pas forcément d'accord. Jusqu'en seconde, à peu de chose prêt on nous demande de reproduire à l'examen l'exercice travaillé en cours, il n'y a que les valeurs de calculs qui changent.

A partir de la première, je dirai que ça doit dépendre des filières. En E (comme en S je suppose), mes cours avaient une autre forme. On te donne des outils, avec des exercices d'application assez poussés pour bien en comprendre l'utilisation. Lors de l'examen, les mêmes outils à utiliser, mais dans un contexte qui n'a rien à voir, un peu comme un travail de recherche, allant parfois jusqu'à la démonstration des théorèmes utilisés dans le cours suivant. Compliqué mais intéressant, le but n'étant pas de savoir si t'es capable de reproduire l'exercice vu en classe, mais d'en faire un usage adéquate. On va pas s'attarder sur les raisons de mon échec en E, mais j'ai retrouvé en F3 la manière d'apprendre précédente, du coup beaucoup plus aisée.

En ingé, dans l'ensemble le contenu de ce qu'on cherchait à nous apprendre importait peu (informatique, intelligence artificielle, imagerie, robotique, réseaux, etc…), tout le monde étant bien conscient qu'on utiliserait à peine 10% des matières vues sur les 3 ans. L'important était, via l'acquisition de quelques bases dans chaque domaine, de savoir les utiliser quand un problème se pose.

Ce qu'explique Jonathan dans l'école indienne, c'est que des matières aussi "pratiques" que la programmation informatique sont apprises "par cœur", comme on apprendrait une poésie. Lors des TP il suffirait de recopier un programme affiché au tableau. Savoir qu'une fonction existe, ca peut être utile, ca s'acquière avec l'expérience. Savoir par cœur les paramètres d'utilisation d'une fonction, ca ne sert à rien, il suffit de chercher dans l'aide quand on en a besoin. La plupart du temps quand un nouveau problème se pose, la première chose à faire est justement d'aller chercher s'il n'existerait pas déjà une fonction qui le fait, et si ce n'est pas le cas de réfléchir à comment le faire avec les fonctions qu'on connait/trouve.

Bon faut avouer que j'ai quand même eu droit à un exam d'SQL sur papier, bêtise monumentale, d'ailleurs la seule matière qui a failli me couter mon diplôme (note éliminatoire) et me priva d'une mention. Bref… :)

Tout ça pour dire que depuis que je suis ici je me bas avec les indiens pour qu'ils réfléchissent, ce que je trouve inadmissible pour un niveau "ingénieur". C'est assez déroutant pour nous parce qu'on a jamais rencontré ça dans nos différents parcours professionnels, quelque soit le niveau ou l'expérience de nos collègues.

C'est à un point difficilement imaginable, une remise en question totale de nos méthodes de travail, on ne peut leur faire confiance sur rien, absolument rien. On leur montre quelque chose, ils reproduisent, simplement et bêtement, sans être capable de l'adapter si ca change d'un iota par rapport à l'exemple. Ils ne cherchent pas à comprendre pourquoi, ne cherchent jamais si la même règle pourrait s'appliquer dans un autre cas, ne savent pas ou ne prennent pas la peine de lire un document pour y trouver l'information nécessaire.

Est-ce la formation qui est mauvaise, on ne les a pas habitué à chercher? Est-ce la motivation qui manque (conditions salariales? management?) N'ayant pas de contre-exemple, je me limite à penser qu'on est vraiment tombé sur le "mauvais" numéro, la mauvaise boite, je ne voudrais surtout pas généraliser à l'Inde toute entière. D'ailleurs il y a quand même de rares éléments qui font exception à la règle...

Mais quelle qu'en soit la raison, à force c'est usant.

Et d'un certain côté rassurant pour notre avenir professionnel, on est quand même loin de se faire bouffer tout notre job par ce type de prestation. :)

2 commentaires:

  1. L'evaluation de la formation. Vaste sujet. Il y a un gars qui a bien travaille le sujet, un certain Donald Kirkpatrick. Il a meme defini un modeles a 4 paliers. Wikipedia a un article (analyse de la formation) qui synthetise bien le truc.
    Evidemment, dans une entreprise on vise plutot a mesurer par rapport aux niveaux 4 ou 5 mais il est toujours interessant de tenter de se situer sur ce modele a l'issue d'une formation.

    RépondreSupprimer

Vous avez bien un avis sur la question? Laissez un commentaire :)